Flashback de la journée du 4 août 2025

Quelle soirée hier ! Loin des préjugés d’un chant choral trop conventionnel, la Nuit des Chœurs nous a révélé toute la modernité et l’énergie de cette pratique en perpétuelle évolution.

Éparpillés dans tout Vaison-la-Romaine, les chœurs ont montré une toute autre facette de leur pratique. Proches de leur public et à la manière de saltimbanques, ils ont transformé la ville en une scène géante. Cette proximité a permis de faire tomber les barrières. On a pu voir dans leurs rangs bien plus que des choristes : des amis qui rient, des personnalités qui s’expriment, des imperfections assumées sans complexes et surtout une énergie palpable et contagieuse. Loin du protocole des concerts traditionnels, on a senti la joie, l’amitié et l’esprit d’équipe qui règne dans ces chœurs. Le public a pu partager cette détente, se sentant invité dans une grande famille.

Cette ambiance unique a permis de créer un lien direct avec le public qui n’était plus un simple spectateur mais un complice de la fête. C’est dans ces moments que le chant choral montre sa plus belle force : sa capacité à rassembler, à amuser et à partager une émotion sincère loin de toute formalité.

Clotilde Jenoudet, Relation Presse du Festival Les Choralies

Cathédrale(s)

Vaison se paye le luxe d’avoir deux cathédrales : la plus ancienne, l’actuelle, sous la protection de Notre Dame de Jérusalem, et celle plus récente, dans la ville haute, sous celle de Sainte-Marie de l’Assomption. Bref, deux cathédrales sous le nom de la Vierge Marie. Celle de la ville haute date du XVe siècle alors que celle du bas est de facture romane, plus ancienne de trois siècles. Pourquoi avoir eu besoin à Vaison de construire deux cathédrales ? En théorie, les évêques vaisonnais n’en auraient eu besoin que d’une seule, leur église personnelle, celle où ils trônaient sur leur cathèdre pour administrer tous les fidèles de leur diocèse. A Vaison ils en eurent deux à partir de la deuxième moitié du Moyen Age.

La raison n’a rien de religieuse. La cathédrale primitive, celle du bas, est l’héritière de la ville romaine, des premiers évêques qui se sont installés à Vaison au moment de la christianisation de la Gaule. C’est la cathédrale de Quenin. Les aléas du temps, les conflits entre grandes familles locales, les évêques de Vaison devenus seigneurs temporels, les comtes de Toulouse et bien d’autres lignages firent qu’au XIIIe siècle les habitants déplacèrent progressivement leur lieu de vie vers la château construit par le comte de Toulouse et passé rapidement sous l’autorité des papes. Ils cherchaient à se protéger. De fait, dès le XIVe siècle, la ville de Vaison se tassait pour l’essentiel sur le rocher aux pieds du château fort et derrière de solides remparts. La cathédrale demeurait dans les restes de la ville romaine et romane, un peu loin du cœur battant de la cité. Fatigués de traverser l’Ouvèze, évêques, chanoines et Vaisonnais décidèrent au milieu du XVe siècle de déplacer la cathédrale dans la ville haute et édifièrent, ou plutôt restaurèrent et agrandirent l’église que l’on connaît encore aujourd’hui. La place manquant, elle fut située sur un pourtour de la cité, en utilisant même un des murs d’enceinte. Elle fit son office jusqu’en 1897, quand l’évolution du bâti vaisonnais avait redonné vie à la ville basse et qu’on décida de rétablir dans son titre la cathédrale primitive redevenue proche de centre d’activité.

Les choralistes savent bien qu’à Vaison on arpente le pavé pour écouter des concerts à la ville haute ou à la cathédrale. A la différence des citadins du XVe siècle, les Choralies n’ont pas fait le choix de sacrifier une église pour une autre, les deux sont lieux de concert où résonnent voix et instruments. Le dimanche 3 août, en bas, à la « cathédrale », l’Ensemble vocal Impressions a planté le chevalet de Claude Monet pour décliner vocalement son Impression au Soleil levant alors que le chœur régional Lorraine-Champagne-Ardenne faisait vibrer la Messe du couronnement de Franz Liszt. En haut, le groupe vocal Arcana évoquait Gabriel Fauré et l’ensemble vocal Alter Echo nous transportait vers des pièces contemporaines, sacrées et profanes. En fin de compte, aujourd’hui, pour les amoureux de musique, c’est une chance que d’avoir deux cathédrales à Vaison !

Pierre-Jean Souriac